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Le journal d'Ukraine
15 mars 2006

Sondage en Europe 2

Les Européens et l'adhésion de l'Ukraine
à l'Union européenne

TNS a réalisé la 2e vague d'un sondage sur l'adhésion de l'ukraine à l'Union Européenne pour le compte de Yalta European Strategy (YES).

La 1ère vague menée en mars 2005, a démontré qu'une majorité de citoyens de 6 pays européens (France, Allemagne, Italie, Pologne, Espagne et Grande-Bretagne) représentant 75% de la population européenne sont globalement en faveur de l'adhésion de l'Ukraine. Les répondants expliquent leur soutien à la candidature de l'Ukraine par le sentiment que ce pays fait géographiquement, historiquement et culturellement partie de l'Europe.

La seconde vague a été menée en novembre 2005, dans les 6 pays de la première enquête, plus l'Ukraine. Le soutien à l'élargissement est en baisse dans les 6 pays interrogés. Ce soutien a diminué en qui concerne l'intégration de l'Ukraine, mais aussi celui de la Turquie, du Maroc et de la Russie. La population de ces pays continue cependant de soutenir l'idée d'une intégration à l'UE.

L'Ukraine est maintenant le candidat favori dans chacun des pays de l'enquête. En Ukraine, il y a une minorité de soutien à cette intégration, qui regroupe cependant un peu moins de 50% de la population, en raison du grand nombre de sans réponses à la question..

Malgré les bouleversements politiques qui ont secoué l'Union Européenne et l'Ukraine, les Européens maintiennent leur soutien à l'idée d'une intégration de l'Ukraine à l'UE

51% des Européens se disent favorables à l'adhésion de l'Ukraine à l'UE. (-4 point depuis mars 2005). Après 6 mois difficiles pour l'Union européenne (rejet du Traité sur la Constitution par la France et les Pays-Bas) et l'Ukraine (répercussions de la Révolution Orange), la tendance est à une forte baisse du soutien à l'élargissement de l'UE dans les 6 pays de l'enquête, quel que soit le pays concerné. L'Ukraine perd 4 points ; la Turquie et la Russie, 5 points chacune et le Maroc, 4 points.

La diminution du soutien à l'intégration de l'Ukraine est donc davantage le fruit d'une attitude mitigée des Européens envers le principe d'un élargissement que le résultat d'une animosité dirigée contre l'Ukraine.

L'Ukraine est maintenant le pays favori pour un élargissement de l'UE. Dans l'ensemble des pays de l'enquête, la majorité de la population (51%) est favorable à son adhésion. Comme en mars 2005, le soutien le plus fort se trouve en Pologne (64%) et le plus faible en Allemagne (40%, soit autant que pour la Russie).

La Pologne, pays frontalier de l'Ukraine, pro-européen et nouvellement intégré à l'Europe, demeure le pays le plus favorable à l'ouverture de l'Union à de nouveaux membres. Cela, même si c'est le pays où la chute de soutien est la plus forte (-13 point pour l'intégration de l'Ukraine, -12 points pour celle de la Russie et -11 pour la Turquie).

En mars 2005, les hommes, les jeunes et les personnes les plus éduquées et/ou d'un statut social plutôt élevé sont les catégories les plus favorables à l'idée générale d'un élargissement de l'UE.

La volonté des Européens d'ouvrir des négociations avec l'Ukraine n'est pas entamée par les récents événements politiques qui ont touché l'Europe

52% des Européens des 6 pays se disent favorables à l'ouverture de négociations avec l'Ukraine (39% favorables à l'ouverture de négociations avec l'Ukraine et la Turquie, 13% avec l'Ukraine seule). Bien qu'ayant perdu 5 points par rapport à mars 2005, ce niveau n'est pas lié spécifiquement à l'Ukraine, mais à l'idée même d'élargissement. L'Ukraine et la Turquie ne semblent pas en compétition l'une par rapport à l'autre dans l'esprit des Européens des six pays.

En effet, si l'on détaille la question du soutien à l'adhésion, on observe que 60% des Européens ont une opinion identique concernant l'Ukraine et la Turquie (33% d'opinions positives pour les deux pays, 27% d'opinions négatives). Seuls 22% des Européens des 6 pays ont une opinion différente concernant ces deux pays (16% sont ne faveur de l'Ukraine seulement, et 6% en faveur de la Turquie uniquement). Cela signifie que les Européens ont d'abord tendance à raisonner en termes de soutien ou d'opposition à l'élargissement d'une façon globale. Les différences entre pays n'entrent en ligne de compte que dans un second temps, et alors cela tourne plutôt à l'avantage de l'Ukraine.

Les Européens affirment clairement l'appartenance de l'Ukraine à l'Europe, ainsi que les Ukrainiens eux-mêmes

Au global, « l'Ukraine fait partie de l'Europe » est toujours cité comme l'argument numéro 1 en faveur de l'accession de l'Ukraine à l'Union européenne (38% de citation parmi les Européens favorables à l'adhésion de l'Ukraine). Il occupe le 1er rang en Pologne, Italie, Espagne et au Royaume-Uni. Et le 2ème en Allemagne et en France, où il est devancé par « le renforcement de la démocratie ». Cet argument arrive en 2ème position au global (34%), devant « les échanges économiques » (29%) et « l'encouragement à un pays qui a pris des risques vis-à-vis de la Russie » (24%).

En Ukraine, « le boom des échanges économiques » est clairement cité en tête des arguments pour l'adhésion de l'Ukraine à l'UE (soit 59% des répondants ukrainiens favorables à l'adhésion).

Fait encore plus significatif, l'argument « L'Ukraine fait partie de l'Europe » occupe le 2ème rang avec un niveau élevé de citation (45%, parmi les Ukrainiens pro-adhésion). Un niveau plus élevé que dans les 6 pays testés au global (38%). Il y a donc un réel sentiment européen parmi la population ukrainienne qui rivalise avec celui des Européens eux-mêmes.

Les arguments de nature politique constituent le socle des arguments anti-adhésion de l'Ukraine. 1er des arguments cités par les opposants à l'adhésion de l'Ukraine : « le pays a encore beaucoup d'efforts à faire en matière de démocratie » (38%). Cependant, contrairement à mars 2005, le 2ème ne concerne pas l'économie, mais l'idée d'élargissement. L'item “Je suis opposé à l'élargissement de l'Union européenne à de nouveaux pays” arrive en 2ème position (34% des réponses parmi ceux qui ne sont pas favorables à l'adhésion de l'Ukraine à l'UE).

En Ukraine, la liste des arguments cités est légèrement différente. Néanmoins, leur rang est inversé par rapport à celui des 6 autres pays. Les préoccupations économiques (« L'accession de l'Ukraine nécessiterait des réformes d'un coût économique et social trop élevé ») arrivent au 1er rang (56% des réponses). « La nécessité d'apaiser la Russie » vient en 2ème position, suivie par « L'Ukraine ne fait pas partie de l'Europe ». Le renforcement de la démocratie en Ukraine – première des conditions d'adhésion de l'Ukraine à l'UE aux yeux des 6 autres pays – se place en 4ème position seulement, (13%).

Les Européens pensent que l'adhésion de l'Ukraine deviendra une réalité avant l'émergence d'une nouvelle génération

La question relative à l'appartenance géographique, historique et culturelle de l'Ukraine à l'UE a été retirée au profit d'une question portant sur le délai de l'adhésion de l'Ukraine. Relevons d'abord le fait que le pourcentage des ne sait pas/sans réponse est assez élevé (21% pour les 6 pays, 31% en Ukraine). Cela peut s'expliquer par le fait qu'il s'agit d'une question délicate : donner une réponse réaliste nécessite une perception claire du processus d'adhésion et de ses contraintes temporelles.

Un certain nombre de répondants a ainsi pu penser que leur compétence en matière de processus d'adhésion à l'UE était insuffisante pour leur permettre de donner une réponse s'inscrivant dans une estimation de durée réaliste.

Cela dit, 51% des répondants dans les 6 pays estiment que l'adhésion de l'Ukraine se concrétisera dans les 10 prochaines années. Seulement 8% pensent qu'elle n'en fera jamais partie – un résultat qui montre combien l'idée de l'inéluctabilité de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE semble ancrée dans les esprits.

De même, on peut noter que ceux qui ne sont pas favorables à l'adhésion de l'Ukraine ne jugent pas nécessairement que l'Ukraine ne fera jamais partie de l'UE. Soit la plupart d'entre eux renvoient l'adhésion à un horizon éloigné (pas avant 15 ou 20 ans), soit ils ne répondent pas ou ne savent pas. C'est particulièrement frappant en Pologne où seulement 9% des opposants à l'adhésion de l'Ukraine jugent qu'elle ne fera jamais partie de l'Europe, alors que 33% d'entre eux jugent qu'elle n'en fera pas partie avant 15 ou 20 ans et 22% ne prennent pas position.

42% des Ukrainiens estiment que leur pays rejoindra l'UE dans les 10 ans qui viennent (pour 51% dans les 6 pays interrogés). Au total, seulement 55% d'entre eux pensent que leur pays fera partie de l'UE un jour ou l'autre, pour 71% dans les 6 autres pays. C'est encore une fois en Ukraine que la part de ceux qui estiment qu'elle ne fera jamais partie de l'UE est la plus élevée (14%, pour 6% dans les 6 pays).

Cettre circonspection est à mettre en relation avec l'argument n°1 contre l'adhésion (son coût économique et social élevé, 56% des réponses parmi les opposants). Cela montre bien que certains Ukrainiens ne sont pas encore pleinement convaincus des bénéfices que pourrait leur apporter l'adhésion de leur pays à l'UE. C'est en s'occupant particulièrement de ce point que l'on pourrait faire évoluer l'opinion des catégories « timorées » (à savoir la minorité russe, les populations des régions Est et Sud de l'Ukraine, les personnes âgées) et prouver que leur défiance à l'égard de l'adhésion n'est pas irréversible.

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