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Le journal d'Ukraine
15 mars 2006

Sondage en Europe 1

1er sondage

A la demande de Yalta European Strategy, TNS Sofres a coordonné une étude dans six pays (France, Allemagne, Italie, Pologne, Espagne et Royaume-Uni) afin d'étudier l'opinion des Européens sur l'éventualité de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne. Notre étude montre que les habitants des six pays du dispositif sont dans l'ensemble favorables à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union. Plus frappant encore, une majorité des interviewés expriment même le souhait que l'on ouvre des négociations sur l'adhésion de l'Ukraine.

Les Européens dans leur ensemble sont favorables à l'adhésion de l'Ukraine

Sur l'ensemble des six pays considérés, le principe d'une adhésion de l'Ukraine (si celle-ci remplit toutes les conditions nécessaires) est favorablement perçu : 55% des Européens se déclarent pour, contre 31% qui sont contre. C'est d'ailleurs l'Ukraine qui recueille le plus d'opinions positives quant à son éventuelle adhésion, par comparaison notamment avec la Turquie, qui est pourtant engagée dans un processus officiel de négociations, à la différence de l'Ukraine. L'entrée de la Turquie dans l'Union partage les Européens entre 45% qui sont pour et 43% qui s'y opposent. 50% sont pour l'adhésion de la Russie (38% sont contre), et seulement 35% pour celle du Maroc (50% sont contre). 

C'est sans surprise en Pologne que l'opinion est la plus favorable à l'adhésion de l'Ukraine. Dans ce pays limitrophe, pro-européen et de surcroît nouvellement entré dans l'Union, 77% des personnes interrogées sont favorables à l'adhésion de l'Ukraine, dont 31% se déclarant « tout à fait favorables ». L'Italie et l'Espagne accueillent également positivement cette éventualité, respectivement à hauteur de 62% et 60%, même si pratiquement un tiers des Espagnols ne se prononcent pas, peut-être par manque d'intérêt pour les questions européennes. La France et le Royaume-Uni sont plutôt favorables à l'adhésion de l'Ukraine, avec respectivement 58% et 49% des réponses allant dans ce sens, malgré 24% de non-réponses au Royaume-Uni.

En revanche, l'Allemagne est le seul pays où l'opinion est majoritairement contre l'adhésion de l'Ukraine, puisque 53% des Allemands y sont défavorables, - dont 19% qui se disent « tout à fait défavorables » - contre 41% favorables : la polémique actuelle sur les visas peut sans doute contribuer à expliquer ce résultat. 

Les jeunes, les diplômés et les hommes sont plus favorables
à l'adhésion de l'Ukraine
 

L'âge, le niveau de diplôme et le sexe apparaissent comme des variables assez structurantes de l'opinion des Européens sur l'adhésion de l'Ukraine, mais également des autres pays. Les jeunes, et particulièrement les 18-24 ans, tendent à être plus favorables à l'adhésion de nouveaux pays que les personnes plus âgées, notamment celles qui ont 65 ans ou plus. Le cas de la France illustre bien ce lien, puisque 69% des 18-24 ans se prononcent en faveur de l'adhésion de l'Ukraine, pour 50% des 65 ans et plus. A cet égard, l'Allemagne se démarque des cinq autres pays considérés, puisque ce sont les Allemands les plus âgés qui sont les plus favorables à l'adhésion de l'Ukraine, alors que les jeunes sont en majorité contre. Enfin, d'une manière générale, les femmes sont nettement plus réservés que les hommes sur l'entrée de l'Ukraine dans l'Europe.

Dans tous les pays, les opinions positives sur l'élargissement sont également liées au niveau de diplôme. Plus les Européens sont diplômés, plus il apparaît qu'ils sont favorables à l'adhésion des autres pays, notamment de l'Ukraine. La position sur l'échelle sociale est un facteur qui influence aussi de manière assez nette les opinions favorables à l'adhésion de l'Ukraine : les opinions en faveur de l'adhésion de l'Ukraine augmentent avec le niveau social des interviewés. 

Une volonté affirmée d'ouvrir les négociations avec l'Ukraine

La décision de l'Union Européenne de négocier avec la Turquie pour son éventuelle adhésion, et de refuser l'ouverture de discussions avec l'Ukraine suscite une incompréhension, voire un sentiment d'injustice dans une opinion européenne favorable à l'adhésion de ce pays. Ainsi, 43% des répondants sur les six pays considèrent que l'Union devrait négocier avec les deux pays pour leur adhésion, et 14% pensent même qu'elle ne devrait négocier qu'avec l'Ukraine. En revanche, 9% seulement jugent que la Commission européenne ne devrait négocier qu'avec la Turquie, et 20% avec aucun de ces deux pays. Au total, c'est donc 57% des habitants des six pays interrogés qui expriment le souhait de voir s'ouvrir les négociations avec l'Ukraine. La Pologne apparaît encore en tête des pays favorables à l'élargissement, puisque 51% des Polonais sont favorables aux négociations avec les deux pays, et 22% avec l'Ukraine seulement. Les Allemands qui sont les moins favorables à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union sont toutefois plus d'un tiers à vouloir entamer les discussions avec les deux pays, et 12% avec l'Ukraine seulement. A contrario, 31% d'entre eux refusent d'ouvrir les négociations avec les deux pays et 16% approuvent la décision de la commission de n'avoir entamé les négociations qu'avec la Turquie. 

L'appartenance de l'Ukraine à l'Europe justifie son adhésion

Sur l'ensemble des pays, c'est le fait que l'Ukraine fasse partie de l'Europe qui justifie le plus le fait d'être en faveur de son intégration dans l'Union. 39% des interviewés en faveur de cette adhésion citent cet argument, qui est particulièrement prégnant en Pologne (50% de réponse), mais également en Italie (43%) et en Espagne (38%). Le renforcement de la démocratie en Ukraine qui découlerait d'une entrée dans l'Union est également un argument fort pour les partisans de l'adhésion qui sont, sur les six pays, 36% à le citer. Les Allemands en font également leur motif principal pour l'entrée de l'Ukraine (44% de citations). Enfin, le développement des échanges économiques avec l'Ukraine et la volonté d'encourager les Ukrainiens en raison des risques qu'ils ont pris vis-à-vis de la Russie en se rapprochant de l'Union sont également cités, à un niveau moindre cependant (respectivement 27% et 26% de citations). Par contre, le lien entre l'éventuelle adhésion de la Turquie et celle de l'Ukraine n'est pas évident, puisque seulement 17% des partisans de l'entrée de l'Ukraine pensent qu'il n'y a pas de raison d'envisager l'entrée de la Turquie et de refuser celle de l'Ukraine. Les deux problèmes semblent bien distincts, même si en Allemagne, cet argument est cité par 24% des partisans de l'adhésion de l'Ukraine.

Les arguments des opposants à l'adhésion de l'Ukraine sont avant tout politiques et économiques. Les deux raisons les plus fréquemment citées par les opposants à l'adhésion de l'Ukraine pour justifier leur position sont d'abord les efforts que l'Ukraine devrait - selon eux - encore accomplir en matière de démocratie (40% des citations), et le fait que sa situation économique risquerait de peser sur l'Union (36% des citations). Enfin, 31% des opposants à l'adhésion justifient leur position par le fait qu'ils sont contre l'élargissement en général : ils ne sont donc pas spécifiquement opposés à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union, mais à celle de tout nouveau candidat à l'adhésion. En revanche, 21% des opposants à l'adhésion estiment que l'Ukraine ne fait pas partie de l'Europe : c'est donc un opposant sur cinq uniquement qui justifie sa position en prétextant que l'Ukraine n'appartient pas à l'Union. L'argument selon lequel il faut ménager la Russie est plus marginal (11%).

Si une partie non négligeable des Européens s'oppose à l'adhésion de l'Ukraine, les raisons les plus citées pour expliquer leur position (la question de la démocratie et la dimension économique) indiquent peut-être que ces opposants pourraient changer d'opinion s'ils avaient le sentiment que des progrès substantiels étaient effectués dans ces domaines. Leur opposition à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne n'est peut-être pas irréversible.

L'Ukraine fait partie de l'Europe par sa géographie, son histoire et sa culture

En définitive, cet élan des Européens en faveur de l'adhésion de l'Ukraine est compréhensible étant donné que dans leur ensemble, ils considèrent que l'Ukraine fait partie de l'Europe par sa géographie, son histoire et sa culture : 58% s'accordent sur cette affirmation sur l'ensemble des six pays, contre 27% qui pensent le contraire. Les Polonais l'approuvent très majoritairement (88%), ainsi que les Français (63%), les Espagnols (60%), et dans une moindre mesure les Italiens. Les habitants du Royaume-Uni, sont moins enclins à considérer l'Ukraine comme une entité géographique, historique et culturelle européenne (44%, contre tout de même 27% qui estiment le contraire). Le fort taux de non-réponses (29%, qui approche les proportions du « non ») relativise toutefois ces résultats. Enfin, si plus d'un Allemand sur deux pense que l'Ukraine fait partie de l'Europe, ils sont cependant 39% à n'être pas d'accord avec cette opinion. 

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