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Le journal d'Ukraine
6 mars 2006

Journaliste assassiné

Procès impossible après l'assassinat d'un journaliste

Ouvert le 9 janvier, le procès qui en Ukraine avait été annoncé comme celui de l'ancien régime, en raison de l'implication de l'ex-chef de l'Etat Léonid Koutchma, traîne en longueur. Trois anciens policiers, Valery Kostenko, Mykola Protassov et Olexander Popovitch, comparaissent pour l'assassinat du journaliste Guéorgui Gongadze, directeur du quotidien en ligne Ukraïnska Pravda. Il est clair que les trois hommes ne sont que les exécutants d'un crime dont les commanditaires échappent toujours à la justice.

Corps décapité. Le journaliste qui enquêtait sur la corruption florissante au sein de l'équipe du président Koutchma, au pouvoir de 1994 à 2004, avait disparu en septembre 2000. Son corps décapité devait être retrouvé deux mois plus tard dans une forêt près de Kiev. Le scandale avait affaibli Koutchma, mis directement en cause par des enregistrements sonores, et contribué à sa chute. Lors de son accession au pouvoir, au lendemain de la «révolution orange», le nouveau président Victor Iouchtchenko avait fait de la résolution de cette affaire une priorité. Jeudi, il a réclamé que le procès se déroule publiquement. Le huis clos, selon lui, discrédite le système judiciaire.

Le procès n'a jamais vraiment démarré. Seules six audiences ont eu lieu. «A ce rythme, déplore Valentyna Telytchenko, l'une des avocates de la famille du journaliste assassiné, les témoignages se poursuivront jusqu'à l'automne.» La présidente du tribunal a décrété le huis clos pour empêcher la divulgation de secrets d'Etat avec les dépositions à venir d'officiers du ministère de l'Intérieur. La partie civile soupçonne les accusés de faire de l'obstruction. Leur santé est devenue soudainement très fragile. Et en leur absence, pas d'audience. Dernièrement, l'un des prévenus a même fait appeler une ambulance en soutenant que la présence de parlementaires au tribunal le faisait saigner du nez.

Aucun des accusés, qui plaident coupable de meurtre avec préméditation, n'a encore déposé. A l'époque des faits, les trois policiers étaient très proches d'un haut responsable du ministère de l'Intérieur, Oleksy Poukatch. Considéré comme le quatrième suspect, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt et en fuite. Si la recherche des coupables s'arrête là, personne ne saura réellement qui a commandité l'assassinat de Gongadze. L'implication du pouvoir de l'époque semble pourtant réelle. Des enregistrements effectués en secret par un membre de la garde présidentielle ont été rendus publics dès 2001. Sur l'une de ces bandes, on entend Léonid Koutchma ordonner que «l'on donne Gongadze aux Tchétchènes». L'ex-chef d'Etat a toujours nié avoir tenu ces propos et a dénoncé un montage.

Campagne électorale. Mis lui aussi en cause, l'ancien ministre de l'Intérieur Iouri Kravtchenko ne pourra pas témoigner. Il a été retrouvé mort en mars 2005. L'enquête a conclu au suicide. L'avocat Andreï Fedour exige que Léonid Koutchma soit entendu par la cour. Sans résultat jusqu'à présent. D'ici aux législatives du 26 mars, il ne faut s'attendre en tout cas à aucune révélation. Pour l'avocate Valentyna Telytchenko, la lenteur de la procédure a pour but de ménager certains hommes politiques éventuellement impliqués dans l'assassinat de Gongadze et actuellement en pleine campagne électorale.

Source: http://www.liberation.fr

Ukraine: l'impossible procès d'un journaliste assassiné

Dans l'affaire Gongadze, qui implique l'ex-Président, la justice piétine.

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