Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le journal d'Ukraine
24 juin 2006

coalition

L'Ukraine se dote d'un nouveau gouvernement "orange"

Après trois mois de négociations, les partenaires de la "révolution orange" sont parvenus, mercredi 21 juin, à trouver un accord pour la formation d'un gouvernement de coalition en Ukraine. L'annonce officielle de l'accord entre les trois alliés - le Bloc Ioulia Timochenko, le parti présidentiel Notre Ukraine et les socialistes - devrait être faite jeudi 22 ou vendredi 23 juin. La formation du gouvernement intervient alors que le pays risque de devoir faire face, dès le 1er juillet, à une nouvelle augmentation du prix du gaz russe.

L'accord trouvé remet en selle les anciens alliés de la "révolution orange", ce qui revient au renversement en douceur des vieilles élites soviétiques réélues au terme d'un scrutin falsifié en novembre 2004. Seuls les "oranges" ont une majorité à l'Assemblée avec 243 des 450 sièges de la Rada (Parlement). Vainqueur des législatives du 26 mars, l'opposition pro-russe - le Parti des régions de Viktor Ianoukovitch et les communistes -, forte de 207 sièges seulement, ne pouvait former une coalition. Ioulia Timochenko sera nommée au poste de premier ministre et sa formation détiendra 11 portefeuilles ministériels ; Notre Ukraine, le parti présidentiel, recevra 10 ministères et la présidence du Parlement ; les socialistes auront 4 postes ministériels. Neuf mois après avoir été limogée par le président Viktor Iouchtchenko de son poste de premier ministre à l'automne 2005, la "dame à la tresse" retrouve donc son fauteuil. Pendant son premier mandat - de février à septembre 2005 -, son populisme et sa vision étatiste de l'économie avaient pavé le chemin de la discorde entre elle et le président Viktor Iouchtchenko. Sa remise en cause des privatisations avait notamment effrayé les investisseurs.

Cette fois, l'égérie de la "révolution orange" a dû s'engager auprès de ses partenaires à appliquer le programme de la coalition. "Nous pouvons dire aujourd'hui qu'il n'y a plus de désaccord entre nous", s'est-elle félicitée à la télévision, mercredi. L'une des premières tâches du nouveau gouvernement sera de remettre l'économie sur les rails. Cherchant à punir tous les pays ex-soviétiques qui regardent un peu trop vers l'Ouest, la Russie de Vladimir Poutine a décrété, depuis janvier, un embargo alimentaire sur les produits agricoles venus d'Ukraine, de Géorgie, de Moldavie. Celui-ci affecte sérieusement le monde rural et industriel ukrainien, pour qui la Russie était le principal débouché. Les prix de la viande ont chuté de 30 % à 40 %. Depuis le début de l'année, quatre gros combinats alimentaires spécialisés dans la viande ont fermé.

Le pays souffre également de la hausse du prix du gaz russe, passé de 60 à 95 dollars les 1 000 mètres cubes après la "guerre du gaz" survenue au début de l'année, quand le géant russe Gazprom a coupé le robinet de l'or bleu. Une nouvelle hausse menace désormais depuis que le Turkménistan ne veut plus brader le sien à la Russie. Mercredi 21 juin, les autorités turkmènes ont fait savoir à Alexei Miller, le directeur de Gazprom venu à Achkabad, qu'elles ne voulaient plus vendre leur gaz aux Russes à moins de 100 dollars les 1 000 mètres cubes (contre 65 dollars jusque-là), menaçant de ne plus rien fournir si leur demande n'était pas satisfaite. Or le gaz reçu par l'Ukraine par l'intermédiaire de Rosukrenergo (une structure détenue à 50 % par Gazprom) vient à 50 % du Turkménistan. Comme l'a rappelé récemment le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev, l'augmentation pourrait intervenir dès le 1er juillet, puisqu'au terme du contrat signé en janvier 2006 entre Kiev et Moscou, les prix du gaz sont modifiables dès cette date.

Selon le quotidien économique russe Vedomosti, l'Ukraine pourrait dorénavant être appelée à payer entre 140 et 150 dollars les 1 000 mètres cubes contre 95 dollars aujourd'hui, ce qui risque d'affecter son économie et de relancer la "guerre du gaz". La crise à venir pourrait avoir des répercussions sur l'Europe puisque 80 % du gaz russe consommé par l'Union transite par l'Ukraine. Gazprom avait déjà, ces derniers jours, tiré la sonnette d'alarme, estimant que les réserves de gaz accumulées par Kiev en vue de l'hiver 2006-2007 n'étaient pas suffisantes. Le géant du gaz russe reproche à Kiev de prélever le gaz destiné aux consommateurs européens. L'argument avait servi de prétexte à Gazprom pour couper le robinet du gaz le 1er janvier.

Source: http://www.lemonde.fr

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité