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Le journal d'Ukraine
18 décembre 2006

postsovietisme

Les problèmes du pouvoir dans l'espace postsoviétique

Les Etats postsoviétiques ambitionnaient tous un "statut particulier" et ils ont suivi (et suivent) le douloureux processus de légitimation du pouvoir. Avec cela les pays aux ressources modestes sont enclins à mener une activité politique intense tandis que les pays disposant de ressources naturelles substantielles parviennent à la stabilité qui ensuite évolue en autoritarisme et en dictature.

A l'époque de l'Union soviétique le centre accordait d'importantes subventions à la Kirghizie, à la Géorgie, à l'Arménie et au Tadjikistan. A des époques différentes des troubles sérieux s'y sont produits, et même des révolutions comme cela a été le cas en Géorgie et en Kirghizie. Au contraire, dans les pays qui ont "de quoi s'occuper" - Kazakhstan, Azerbaïdjan, Turkménie, Ouzbékistan et Biélorussie - le pouvoir affiche une belle stabilité.  Mis à part celui des ressources, la stabilité du pouvoir est déterminée par trois autres facteurs: l'appui sur un "sponsor" extérieur, la consolidation de l'élite et la disposition du régime à recourir à la contrainte.

Le cas de la Kirghizie est particulier. La "révolution des tulipes" de l'année dernière avait jeté bas le pouvoir d'Askar Akaïev, pour qui le bailleur de fonds était la Russie. Seulement il n'était pas apte à recourir à la violence pour conserver le pouvoir. En qualité de point de repère trois centres de force mondiaux s'offraient au nouveau pouvoir - Russie, Etats-Unis et Chine - mais il n'en a choisi aucun. Aucun d'entre eux n'ayant obtenu en Kirghizie ce qu'il voulait, il n'y a personne pour prendre la défense de l'élite qui y est au pouvoir.

Les élites géorgiennes nouvelles et tadjiques anciennes ont rapidement trouvé des sponsors étrangers. L'Ukraine n'est certes pas démunie côté ressources, mais comparativement au Kazakhstan et à la Russie elle fait figure de parent pauvre. Cela dit, Viktor Iouchtchenko et Viktor Ianoukovitch ne passent pas pour des politiques entièrement à la remorque des Etats-Unis ou de la Russie.

En Arménie à la tendance prorusse modérée s'ajoute la cohésion de l'élite face à l'ennemi extérieur (l'Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh). La Moldavie en Transnistrie elle aussi a une source latente de conflit. Des despotes indéboulonnables il y en a en Ouzbékistan, en Turkménie et, à un degré moindre, en Azerbaïdjan et aussi en Biélorussie où Alexandre Loukachenko s'est arrogé le droit d'être réélu autant de fois qu'il le voudra.

En ce qui concerne la plupart des Etats postsoviétiques - exception faite des Pays baltes avec leur sempiternelle attirance pour l'Europe - le piège est quasi permanent: le pouvoir cherche à se légitimer au moyen des élections, mais en en contrôlant les résultats, si bien qu'il sape sa légitimité. Si le pouvoir hésite à employer la violence, le système s'écroule. Si le pouvoir ne tire pas les leçons de ce qui s'est passé précédemment, on voit apparaître le syndrome de la révolution inachevée (Kirghizie). La société et la partie pragmatique de l'élite recherchent alors un remède contre la récidive en redistribuant le pouvoir: l'Ukraine et la Kirghizie font mouvement vers une république parlementaire. Si la chose réussit, alors on pourra évoquer une nouvelle théorie, celle de la sortie du pouvoir de la crise. Ici l'Ukraine et la Kirghizie pourraient s'avérer des pionnières en la matière.

Source : http://fr.rian.ru

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