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Le journal d'Ukraine
24 mai 2006

est ouest

Le président russe Poutine réchauffe la guerre froide

Entre la russie et les Etats-unis, le contrôle des ressources énergétiques des pays de l’Est, l’Iran et l’armement sont autant de conflits d’intérêts.

Ce n’est pas encore la guerre froide, mais cela y ressemble. Depuis quelques semaines, le ton monte entre la Russie et les Etats-Unis. Le 4 mai à Vilnius, en Lituanie, le vice-président américain Dick Cheney s’est montré très critique envers la Russie et son « chantage » à l’énergie lors des négociations avec l’Ukraine. C’est la première fois depuis longtemps qu’un personnage aussi haut placé se permet une liberté de ton aussi grande vis-à-vis de Moscou. Il est vrai, devant un parterre de chefs d’Etat acquis à sa cause : les présidents des pays Baltes, de l’Ukraine, de Géorgie, de Pologne, de Roumanie et de Bulgarie.

cheneyLe 10 mai, dans son discours sur l’état de la nation, Vladimir Poutine a rétorqué en évoquant le retour du « camarade loup » rôdant autour de son pays. Sans jamais nommer les Etats-Unis, mais en consacrant une bonne part de son discours à la nécessaire montée en puissance des dépenses d’armement de la Russie. Ce « refroidissement », terme en vogue durant la guerre froide, a pour origine le conflit d’intérêts qui oppose la Russie et les Etats-Unis en matière énergétique et sur l’Iran.
Entre 2001 et 2003, les Etats-Unis ont cru pouvoir se ménager un accès privilégié au gaz et au pétrole russes. C’était l’époque des sommets énergétiques à répétition entre Bush et Poutine. L’arrestation de l’ex-patron de Ioukos, en octobre 2003, a mis un coup d’arrêt à ces embrassades, le pouvoir russe ayant décidé de garder pour lui l’essentiel de ses trésors énergétiques. Dans leur quête éperdue de sources d’énergie alternatives, les stratèges de Washington ont alors ciblé la Caspienne et l’Asie centrale, faisant le calcul que l’influence russe sur ces anciennes républiques de l’URSS était appelée à s’étioler. Mais les révolutions dites « colorées » qui se sont produites en Géorgie, en Ukraine et dans une moindre mesure au Kirghizistan, ont fait prendre conscience au Kremlin du risque qu’il y avait à laisser les Etats-Unis s’installer dans cette zone d’influence naturelle de Moscou. Les ex-pays satellites de la Russie deviennent donc le terrain d’affrontement entre Bush et Poutine.

Fin des embrassades

bush_poutine

Ce n’est évidemment pas un hasard si Dick Cheney s’est envolé de Vilnius pour se rendre directement à Astana au Kazakhstan où, curieusement, il n’a émis aucune critique sur le régime du président Noursoultan Nazarbaev, qui ne présente pourtant qu’un lointain rapport avec le système démocratique que les Etats-Unis aimeraient voir se répandre dans la région. Les Etats-Unis soutiennent à fond le projet de construction d’un gazoduc sous la mer Caspienne, reliant directement le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et la Turquie sans passer par la Russie, ce que Moscou considère comme une atteinte à ses intérêts. Face-à-face de même nature en Azerbaïdjan, où la Russie tente d’imposer son influence au président Ilkham Aliev. Fin avril, Aliev était reçu par Bush aux Etats-Unis en dépit des conditions dans lesquelles se sont déroulées en Azerbaïdjan les élections législatives de novembre.

Une seule arme, l’énergie

Le conflit entre les Etats-Unis et la Russie porte également sur l’atti­tude à adopter face aux projets nucléaires de l’Iran, auxquels l’industrie nucléaire civile russe est très étroitement associée. Il concerne également les contrats d’armement signés entre la Russie et le Vene­zuela (hélicoptères de combat, kalachnikovs…) et plus généralement l’activisme sur les marchés tiers d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud de l’organisme russe qui centralise les exportations de matériels de guerre, Rosoboronexport, dirigé par un proche de Poutine.
Sur le papier, la Russie n’est évidemment pas de taille à lutter. Son PIB est au niveau de celui du Mexique (environ 760 milliards de dollars en 2005), son armée est notoirement sous-équipée, et les investissements annoncés par Poutine le 10 mai sont dérisoires au vu des budgets des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la France. Le Kremlin sait que la seule arme dont il dispose, ce sont ses réserves de pétrole et de gaz. Et celles des pays qu’il considère encore comme faisant partie de sa zone d’influence, dont la préservation vaut bien quelques accrochages avec la Maison-Blanche.
L’uranium, champignon atomique de la discorde
Après le pétrole et le gaz, la course au minerai d’uranium. Le nouveau patron du nucléaire russe, Sergueï Kirienko, a annoncé un gigantesque plan de relance du nucléaire civil : 40 réacteurs doivent sortir de terre d’ici vingt ans. Or la Russie manque déjà d’uranium pour alimenter ses centrales actuelles. D’où l’offensive tous azimuts du Kremlin en direction de l’Asie centrale. Le Kazakhstan recèle des réserves très importantes (environ 1,3 million de tonnes de minerai) sur lesquelles la Russie aimerait bien remettre la main, alors que des groupes américains, canadiens et français (Cogema) y travaillent. En Ouzbékistan, Vladimir Poutine a apporté son soutien au président Islam Karimov au moment même où l’on célébrait le premier anniversaire d’un soulèvement réprimé dans le sang à Andijan. Au Kirghizistan, la Russie veut réintégrer le complexe minier de Kara Balta dans la sphère d’influence du Minatom russe. Autant de manœuvres qui n’échappent pas à Washington.

Source: http://challengestempsreel.nouvelobs.com

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