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Le journal d'Ukraine
28 décembre 2006

russie

Poutine reste sur ses gardes en Ukraine

Deux ans après la « révolution orange », le président russe arrive à Kiev dans un climat plus favorable aux relations entre les deux pays.

Viktor_Iouchtchenko_Vladimir_Poutine_1

DEUX ANS après la « révolution orange » pro-occidentale de l'Ukraine, qui constitua un cinglant revers pour la Russie, Vladimir Poutine est de retour à Kiev dans un climat nettement plus favorable aux intérêts russes. L'ex-« poulain présidentiel » du Kremlin, Viktor Ianoukovitch, qui incarne la revanche de l'ancien régime et plaide pour un rééquilibrage de la politique étrangère ukrainienne en faveur du grand allié de l'Est, est redevenu premier ministre. Au terme d'un accord historique avec son ennemi juré, le président libéral et occidentaliste Viktor Iouchtchenko, lui-même très affaibli, il dispose désormais de pouvoirs élargis qu'il utilise pour grignoter le domaine du chef de l'État. En se déclarant pour un référendum sur l'Otan, Ianoukovitch a notamment fait capoter la candidature ukrainienne au « Membership action plan » de l'Alliance, qui devait en principe lui être ouvert en novembre dernier.

Le nouveau premier ministre ukrainien a aussi orchestré au Parlement la mise à l'écart du ministre des Affaires étrangères Boris Tarassiouk, figure emblématique des choix euro-atlantistes de l'Ukraine. Le président a opposé son veto à cette décision, mais Tarassiouk est de facto paralysé dans son action et se voit régulièrement empêché de se rendre au Conseil des ministres par des députés qui s'interposent physiquement entre lui et la porte du Conseil, comme ils l'ont encore fait avant-hier... Autant d'agréables nouvelles pour Poutine, humilié en 2004 par la piteuse sortie de piste de son candidat, sous les huées des foules en liesse de la révolution ukrainienne.

Apaisement sur la question du gaz

En ce sens, la visite qu'il entame aujourd'hui à Kiev sera autrement plus facile à gérer que celle qu'il dut accomplir en mars 2005, juste après la victoire d'un Iouchtchenko, alors héros de la démocratie ukrainienne. Le Kremlin affichait toutefois hier, à la veille de cette visite, un profil prudent. Pas question d'apporter un soutien trop soutenu à Ianoukovitch et de risquer de réitérer les erreurs de 2004. À l'époque, entre les deux tours de la présidentielle ukrainienne, Vladimir Poutine avait vanté à la télévision de Kiev les mérites de « son candidat ». Une immixtion contre-productive. « Poutine va tenter de faire oublier ces mauvais souvenirs, il va essayer de dire qu'il n'est pas Baba Iaga, la méchante sorcière des contes russes », estime l'analyste russe Mikhaïl Deriaguine, de l'Institut de recherches stratégiques. Poutine pourrait soulever la question de la langue russe comme deuxième langue d'État, pousser les investisseurs économiques russes et aussi calmer le jeu sur la question du gaz, qu'il avait coupé à l'Ukraine au début de l'année 2006.

Cette démarche d'apaisement a déjà été largement engagée avec l'accord sur le prix du mètre cube de gaz vendu à l'Ukraine, fixé à 130 dollars, loin des 250 dollars exigés l'an dernier. Russes et Ukrainiens sont également parvenus à un accord sur le maintien de la flotte russe sur la base de Sébastopol jusqu'en 2017.

Il y a, en réalité, des raisons profondes à la prudence russe. D'abord, l'issue de la bataille politique ukrainienne reste imprévisible. « Il est fort dommage que le président Poutine n'ait pas mis à son programme de visite une rencontre avec l'opposition », a d'ailleurs déclaré, au Figaro, l'un des conseillers de l'ex-pasionaria orange, Ioulia Timochenko, soulignant que « le gouvernement en place est provisoire et ne tiendra pas bien longtemps ». La prudence russe s'explique aussi par « l'héritage géopolitique» d'une « révolution orange » désormais dévoyée. Comme le note l'historien Roman Ofitsinski, dans le journal en ligne Ukrainska Pravda, malgré tous les mouvements de balancier tactiques entre l'Est et l'Ouest, l'Ukraine semble maintenir son cap vers l'Ouest. « C'est un choix de valeurs », que ne remet pas en cause le premier ministre Ianoukovitch, note Ofitsinski. Ianoukovitch, avec des divergences tactiques, reste partisan d'une entrée dans les structures euro-atlantiques, comme il l'a rappelé lors de son récent séjour à Washington. « Les Russes savent désormais que l'Ukraine n'est pas un partenaire fiable », renchérit le député Andreï Chkil.

Signe des temps : à quelques jours de l'arrivée de Poutine, le Parlement ukrainien a voté, à la demande du président Iouchtchenko, un texte sur la famine organisée par Staline, assimilant cette action à un « génocide ». Les milieux nationalistes russes, très en cours au Kremlin, sont furieux. Poutine le montrera-t-il ?

Source: http://www.lefigaro.fr

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