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Le journal d'Ukraine
25 décembre 2006

russie

Vladimir Poutine joue l'apaisement en Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine est arrivé vendredi 22 décembre à Kiev pour une visite éclair consacrée à la résolution des problèmes bilatéraux. Signe de la détente en cours, le chef de l'Etat russe et Viktor Iouchtchenko, son homologue ukrainien, ont lancé les travaux de la commission intergouvernementale chargée des contentieux entre les deux pays.

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Quelques accords ont bien été signés, notamment sur la lutte contre l'immigration illégale, mais les points de frictions les plus importants demeurent : la délimitation de la frontière ou le stationnement de la flotte russe à Sébastopol jusqu'en 2017.

Arrivé dans la capitale ukrainienne avec deux heures de retard, le président Poutine a joué l'apaisement, louant les liens d'amitié entre les "deux peuples frères", et promettant aux dirigeants ukrainiens des livraisons supplémentaires de gaz si le besoin s'en faisait sentir. Son précédent voyage à Kiev, en mars 2005, trois mois après le succès de la "révolution orange", était beaucoup plus inconfortable.

Viktor Iouchtchenko, candidat de l'opposition, venait alors de remporter l'élection présidentielle avec le soutien de la rue. Le poulain du Kremlin, Viktor Ianoukovitch, s'était, lui, couvert d'opprobre pour avoir grossièrement falsifié un scrutin dont les résultats, dénoncés par la communauté internationale, avaient ensuite été invalidés.

Deux ans plus tard, les rôles se sont inversés. Fort du succès de son parti aux élections législatives de mars, Viktor Ianoukovitch, devenu premier ministre, est maître du pays. Affaibli par les divisions à l'intérieur du camp "orange", le président réformateur Viktor Iouchtchenko apparaît de plus en plus isolé. Sa cote de popularité n'a jamais été aussi basse (entre 8 % et 10 %, selon le centre d'analyses Razoumkova de Kiev). Ses pouvoirs ont été considérablement rognés depuis la mise en place de la réforme constitutionnelle qui fait la part belle aux décisions du Parlement.

Rien n'illustre mieux l'absence de cohabitation entre le président et son premier ministre que la récente mise à l'écart par le Parlement des deux derniers ministres "orange" du gouvernement, Boris Tarassiouk (affaires étrangères) et Iouri Lutsenko (intérieur). Selon la Constitution en vigueur, leur nomination est du seul ressort du président.

Ulcéré par l'éviction de Boris Tarassiouk, son meilleur allié, Viktor Iouchtchenko l'a aussitôt renommé. Son oukase est resté lettre morte. A deux reprises ces dernières semaines, M. Tarassiouk, qui tentait d'assister aux réunions du cabinet, en a été physiquement empêché et personne ne peut dire aujourd'hui qui est à la tête de la diplomatie ukrainienne.

La mise sur la touche de Boris Tarassiouk n'est pas pour déplaire au président russe. Chaud partisan de l'intégration de l'Ukraine à l'Union européenne et à l'OTAN, le bruyant ministre avait, de surcroît, "interdit à ses fonctionnaires de parler en russe", croit savoir la presse moscovite. Il militait aussi pour que le bail autorisant la flotte russe de la mer Noire à stationner en Crimée jusqu'en 2017 ne soit pas prolongé. Il ne perdait pas une occasion de pousser son pays vers l'OTAN, une perspective inacceptable aux yeux de Moscou.

ALLÉGEANCE À MOSCOU 

Si Boris Tarassiouk était présent, vendredi, à la réunion de la commission bilatérale, échangeant une poignée de main remarquée avec Viktor Ianoukovitch, l'idée de l'intégration à l'OTAN, plutôt impopulaire en Ukraine selon les sondages, ne fait que reculer. Depuis que Viktor Ianoukovitch est premier ministre, les liens avec Moscou se sont renforcés. Un accord sur le gaz a été trouvé, l'OTAN n'est plus à l'ordre du jour. Avant sa visite à Washington, en novembre, le premier ministre ukrainien était venu faire allégeance au président Poutine à Moscou.

"Nous avons à coeur de maintenir de bonnes relations avec l'Union européenne mais aussi avec la Russie. Nous ne pouvons pas ne pas compter avec notre voisin. Le plus important est de mener une politique qui réponde à nos intérêts mutuels, de restaurer la confiance entre nous", a expliqué au Monde Mikola Azarov, le numéro deux du gouvernement ukrainien. Le bras droit de M. Ianoukovitch n'a pas manqué de souligner "le difficile héritage "orange"". "Nous devons aujourd'hui assurer le financement des dépenses sociales décidé par nos prédécesseurs", a-t-il déploré. Il s'est félicité en revanche du redémarrage de l'économie ukrainienne forte d'un taux de croissance de 6 % à 7 % en 2006, tiré par les investissements et la consommation.

Ioulia Timochenko, l'ancienne égérie de la "révolution orange" voit les choses autrement. "Cette équipe est au pouvoir, mais ce qu'elle fait n'est pas professionnel. La corruption est revenue en force, l'économie grise persiste, un système de favoritisme a été mis en place. C'est la revanche du parti des régions", a-t-elle expliqué au Monde, n'excluant pas une nouvelle "révolution de couleur".

Source : http://www.lemonde.fr

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